Perifontaa | La consultation ORL avec un enfant
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La consultation ORL avec un enfant

Consultation ORL avec un enfant

La consultation ORL avec un enfant

10h15. En retard, comme souvent. J’appelle le petit Matéo, 20 mois et je l’entends râler puis pleurer quand sa mère le sort du coin jeux de la salle d’attente. Il me voit et s’enfouit dans le cou de sa maman. Celle-ci m’annonce tout de suite la couleur : « je vous préviens, il va hurler !!! ».
Encore un challenge ! Comment examiner puis évaluer l’audition d’un tout petit ? Examiner, cela peut se faire sans son consentement ni sa participation, mais évaluer l’audition ? Comme pour tous les autres bilans sensoriels, la réponse de la personne testée est le seul lien (clinique en tout cas) entre sa perception et celui qui l’évalue.
Ce petit Matéo vient pour un bilan auditif. C’est donc dès le premier contact avec lui et sa maman que je prépare son évaluation auditive. Je vais, dès ce moment, tout faire pour qu’il participe à mon bilan.
On va d’abord parler de lui avec sa mère, de son histoire médicale, de celle de sa famille, de son développement, de son langage…Nous échangeons des coups d’œil, Matéo explore mon bureau, esquisse un mouvement du bras pour saisir un crayon que je lui tends aussitôt avec une petite feuille, pour « faire un dessin pour maman » ! Matéo se détend.
Je lui dis alors que je vais regarder dans ses oreilles, dans bouche et dans son nez, et qu’on va aller s’asseoir sur le grand fauteuil avec maman. Matéo se crispe à nouveau et serre ses bras autour du cou de sa mère. Assis en face de moi, je le vois apeuré, au bord des larmes.
Je mets mes lunettes « pour bien le voir » et je prends ma lumière (ma lampe frontale) : je reste alors à distance de l’enfant : la main qui tient la lampe reste dans le plan de mon corps et ne franchit pas l’espace qui me sépare de Matéo. « Cette lumière est spéciale, tu vois, elle ne brûle pas, car elle est froide ». Matéo suit le mouvement de ma main allant vers la lampe pour la toucher, puis celui de la lampe vers la main de sa mère : « je montre à maman que la lampe ne brûle pas, qu’elle ne peut pas faire mal ». Et la lumière touche la main de Matéo : il lève alors un petit doigt vers le cercle lumineux, le touche et me regarde en souriant. « Tu as vu, cette lumière ne fait pas mal ! ». Matéo regarde sa mère d’un air confiant, la partie est gagnée…

Je prends un spéculum d’oreille (sorte de petit entonnoir métallique), et je refais la même série de mouvements d’approche jusqu’à toucher la main de Matéo. Tout en mettant l’extrémité de mon index à l’entrée de son conduit auditif, je lui dis « je vais mettre ce petit tuyau devant ton oreille pour regarder dedans, et bien sûr, je ne le mets pas tout au fond ! ». Matéo se laisse faire et, à la grande surprise de sa mère, me tend spontanément l’autre oreille !

 

C’est le « et » qui change tout : spontanément, on aurait volontiers dit « mais », ce que l’enfant aurait interprété comme l’annonce d’un changement, d’une opposition et aurait eu peur. C’est la lecture de Milton Erickson qui m’a révélé ce pouvoir des mots…

Avec Matéo, la suite de la consultation n’a posé aucune difficulté : ablation de bouchons de cérumen, examen de la cavité buccale, puis le bilan auditif au casque… Bien sûr, toutes ces paroles, tous ces gestes prennent du temps : mais que l’on regagne au final !

Et puis, quelle satisfaction d’avoir réussi à faire un bilan complet avec un petit de 20 mois. Et quelle fierté dans les yeux de la maman de voir son enfant capable de prendre sur soi, de gérer une situation si angoissante. Et enfin, quel plaisir de voir un si petit bonhomme participer à l’évaluation auditive et de nous révéler, ainsi, une partie de son monde intérieur !!!!

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